Le houblon
Introduction
Le houblon est principalement destiné à la fabrication de la bière. Il est également utilisé comme plante médicinale. Il existe de nombreuses variétés qui apporteront à la bière arômes et amertumes. Seule la fleur
non fécondée du plant femelle nous intéresse. Elle contient une poussière résineuse jaune appelée lupuline. Les microbrasseries qui produisent de la bière BIO se développent dans nos régions. L’intérêt est croissant pour une production locale de houblon, en circuit court.
Généralités
Il faut commencer par choisir un terrain n’ayant pas une pente trop prononcée, orientée au sud - sud/ouest. La parcelle sera protégée des vents dominants.
Le houblon apprécie un sol profond, drainant, avec une bonne capacité de rétention en eau. Il n’aime pas les sols tassés. La texture du sol idéale est de type limono-sableuse ou limono-argileuse.
Une réserve en eau à faible profondeur est un atout car le houblon demande une alimentation régulière en eau. L’irrigation au goûte-à-goûte peut être utilisée pour subvenir au besoin de
250 à 300 mm d’eau, entre fin juin et début août. Le paillage est un plus pour conserver l’humidité.
La somme des températures maximales quotidiennes se situe entre 2.500 et 3.000 °C.
Implantation de la culture
L’implantation est un travail fastidieux. Par contre, une fois implantée, la culture peut parfois rester plus de 20 ans. Les plants peuvent provenir de boutures de rhizome, par
marcottage ou par microbouturage. La plantation est réalisée vers la mi-avril pour les boutures et au mois de mai pour les microboutures.
Les griffes sont plantées dans un sillon de 20-30 cm de profondeur et recouvert par 10 cm de terre. La distance habituelle varie de 2,8 à 3,8 m en interligne et de 0,9 à 1,7 m
entre les pieds (2.000 à 3.000 pieds/ha). Chez De Plukker, c’est 3 m d’interligne, 1,15 m d’interligne pour 2.000 à 2.500 pieds/ha.
L'échafaudage
L’échafaudage peut être mis en place avant ou après la plantation (attention à la structure du sol). La hauteur des poteaux (hors du sol) varie de 6 à 7 m. Ils porteront un maillage de fils où seront suspendus les fils verticaux pour l’enlacement des lianes (une fiche technique sur le montage de l’échafaudage sera réalisée).
Fertilisation
Le houblon n’est pas très exigeant. Par contre, il doit être bien alimenté de l’allongement des lianes jusqu’à la fin de floraison. Il apprécie les engrais de ferme épandus en fin d’hiver. Par exemple,
15 à 20 t/ha de compost de fumier et de déchets de houblon, réalisé en respectant bien le processus (t°, air, humidité), avec minimum trois retournements, est un bon engrais de ferme.
Un complément en engrais organique du commerce peut être apporté au mois de mai (engrais composé, contenant environ 40 u de N). Le bore est un oligoélément important pour obtenir un grand nombre de fleurs.
Conduite de culture
L’année de l’implantation : le rendement sera faible (50 %), voire nul. Les années suivantes : il y a deux techniques. Soit après 2-3 ans, au mois de mars, dégager la souche sur un diamètre de 30 cm et couper tous les rhizomes qui fuient. À ce moment, il est possible de récolter les jets de houblon pour la gastronomie (comme des petites asperges) et de laisser les 4 à 6 plus beaux pour la production des lianes de l’année (attention de toujours désinfecter les outils coupants avec de l’alcool à 70 °C, entre chaque plant).
Soit ne rien couper (De Plukker). En hiver, les buttes sont mises à plat et un buttage répété pendant la saison sera réalisé. Pendant la croissance des lianes, il faudra les aider à tourner autour de la ficelle. Attention qu’il y a un sens. Il faut toujours tourner d’est en ouest, comme le soleil, sinon les lianes forceront contre nature et se fendront (trois passages de mise à fil). S’il n’y a pas eu de récolte de jets, il faudra choisir 4 à 6 lianes
lorsqu’elles auront 1 m et couper les autres à 5 cm (désinfecter le matériel). Pour l’autre technique, ne rien couper (De Plukker).
Dans le cas de la taille, les déchets de la taille doivent être éloignés de la parcelle pour éviter la prolifération des maladies (compost). Une fois que les lianes ont atteint 2 m, il est conseillé d’enlever les
feuilles du premier mètre. Ceci permettra une bonne aération de la culture et limitera le développement des maladies et des ravageurs. Il faudra couper les lianes lorsqu’elles arriveront au fil supérieur. Ceci initiera la floraison.
La lutte biologique contre les maladies et les ravageurs
Les grands ennemis du houblon sont le mildiou, la verticiliose, les araignées rouges et les pucerons. Le cuivre peut être utilisé contre le mildiou avec les limites recommandées en bio (un passage tous les 10 jours). Il faut
savoir que c’est de la monoculture et que le cuivre reviendra chaque année, donc il ne faut pas saturer le sol. Il est possible de renforcer la résistance au mildiou avec du purin de prèle en arrosage et ou en pulvérisation.
La verticiliose est liée au sol. Il faudra choisir des variétés résistantes, veiller à un bon équilibre au niveau du sol. L’apport de compost semble limiter le développement de cette maladie. Pour les pucerons, il faudra attirer les insectes auxiliaires (coccinelles, syrphes, chrysopes…) avec des plantes compagnes. Du trèfle violet peut être semé dans la parcelle et en bordure de celle-ci, semer des mélanges avec de la phacélie, du sainfoin…
Des hôtels à insectes peuvent également être placés dans la parcelle (pince-oreilles, guêpes solitaires…). Le purin d’ortie peut également être utilisé. Les araignées rouges sont assez problématiques. Les œufs éclosent au printemps et les araignées montent sur les lianes et piquent la plante. Plus il fait chaud et sec, plus elles sont actives. Il n’existe pas de produit autorisé. Herser régulièrement l’interligne, enlever les feuilles du bas des lianes, réaliser un piège avec de la colle sur le bas des lianes, arroser la culture par le dessus sont des techniques efficaces pour déranger les araignées.
Calendrier phytotechnique
FIN FÉVRIER-DÉBUT MARS
• Implantation des plants ou rhizomes, si nécessaire ;
• Fixation des fils comme tuteurs ;
• Récolte des premiers jets (facultatif) ;
• Taille des bourgeons excédentaires pour éviter le gaspillage d’énergie de la plante et avoir des lianes plus robustes.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE
• Labour avec épandage de fumier et éventuellement chaulage ;
• Nettoyage avant l’hiver en coupant les tiges sèches ;
• Récolte des boutures de rhizomes (facultatif, après trois ans de culture) ;
• Mise en place du paillis hivernal au pied des plants.
FIN AVRIL-DÉBUT MAI
• Tournage, dans le sens horaire, des lianes autour du fil ;
• Buttage de plants pour le développement des racines adventices ;
• Débrousser (tailler) les tiges et feuilles excédentaires de la partie inférieure pour éviter le gaspillage d’énergie
de la plante et le développement de maladies/parasites.
MAI-JUIN
• Deux apports d’engrais et d’oligoéléments ;
• Tournage, dans le sens horaire, des lianes autour du fil ;
• Rogner (tailler) les ramifications secondaires inférieures sur 1 m, pour éviter le gaspillage d’énergie de la
plante et le développement de maladies/parasites.
JUIN-AOÛT
• Léger travail du sol (cultivateur) ;
• Gestion des adventices selon les besoins ;
• Gestion des maladies/parasites selon les besoins jusqu’à la date limite du 10 août, pour respecter le délai avant récolte.
FIN AOÛT-DÉBUT SEPTEMBRE
• Récolte à une date optimale pour la teneur en acides « alpha » ;
• Séparation des cônes de la liane, séchage et pressage des cônes.
CONSEIL TECHNIQUE DE SAISON
Fiche technique Le houblon
Récolte, conditionnement
Récolte, conditionnement, stockage
Récolte
Le houblon se récolte de fin août à mi-septembre en fonction de la précocité de la variété. Il est récolté lorsque la lupuline sort des cônes, que les cônes commencent à sécher et que l’odeur dégagée est de type poire/pomme alors qu’immature, l’odeur d’un cône est de type gazon/foin. Il est primordial de récolter le houblon à la période optimum de maturité pour avoir un maximum d’acides « alpha ». Une récolte trop précoce engendre une perte
de plus de 20 % d’acides « alpha », alors qu’une récolte trop tardive engendre une perte de 10 % de ces acides « alpha ». Il est possible de passer par le laboratoire INAGRO en Flandre, pour déterminer la période optimale de récolte, sur base du dosage de la teneur en acides « alpha » des cônes (35 € HTVA par analyse). La récolte doit se réaliser par un temps frais, sec et sans vent fort. Après une journée de pluie, il est préférable d’attendre trois jours pour récolter. La présence trop importante d’une maladie/parasite peut nécessiter une récolte précoce mais, au-delà d’un certain seuil d’infection, les cônes ne seront plus valorisables. La récolte du houblon est semi-mécanisée pour éviter un besoin élevé en main-d’œuvre. Les lianes et fils (tuteurs) sont coupés à 1 m du sol par un disque rotatif, alors qu’une personne coupe les fils à leur sommet. Les lianes tombent ensuite dans la remorque à l’arrière du tracteur. La lutte biologique contre les maladies et les ravageurs Les grands ennemis du houblon sont le mildiou, la verticiliose, les araignées rouges et les pucerons. Le cuivre peut être utilisé contre le mildiou avec les limites recommandées en bio (un passage tous les 10 jours). Il faut savoir que c’est de la monoculture et que le cuivre reviendra chaque année, donc il ne faut pas saturer le sol. Il est possible de renforcer la résistance au mildiou avec du purin de prèle en arrosage et ou en pulvérisation. La verticiliose est liée au sol. Il faudra choisir des variétés résistantes, veiller à un bon équilibre au niveau du sol. L’apport de compost semble limiter le développement de cette maladie.
Pour les pucerons, il faudra attirer les insectes auxiliaires (coccinelles, syrphes, chrysopes…) avec des plantes compagnes. Du trèfle violet peut être semé dans la parcelle et en bordure de celle-ci, semer des mélanges avec de la phacélie, du sainfoin… Des hôtels à insectes peuvent également être placés dans la parcelle (pince-oreilles, guêpes solitaires…). Le purin d’ortie peut également être utilisé. Les araignées rouges sont assez problématiques. Les œufs éclosent au printemps et les araignées montent sur les lianes et piquent la plante. Plus il fait chaud et sec, plus elles sont actives. Il n’existe pas de produit autorisé. Herser régulièrement l’interligne, enlever les feuilles du bas des lianes, réaliser un piège avec de la colle sur le bas des lianes, arroser la culture par le dessus sont des techniques efficaces pour déranger les araignées.
Pressage
Une fois séché, il faut densifier les cônes de houblon pour en simplifier la logistique et le stockage. Cela peut être réalisé de différentes manières. Les cônes séchés peuvent être pressés sous forme de balles carrées de poids variable, d’environ 70 ou 125 kg. Ce conditionnement permet d’avoir un produit dont la perception est plus naturelle. Toutefois, le volume de stockage et l’hétérogénéité du produit seront plus grands par rapport aux pellets de cônes de houblon. Ceux-ci sont obtenus par nettoyage des cônes indésirables et des éléments étrangers dans les cônes séchés, suivi d’un broyage et d’une compression pour produire des pellets (granules) de 6 x 12 mm. De cette manière, les pellets de type T90 sont obtenus, c’est-à-dire qu’à partir de 100 kg de cônes séchés, on obtient 90 kg de pellets. Il existe également les pellets de type T45, où la partie végétative des cônes est retirée par
tamisage pour ne garder que la lupuline. Notons que les molécules d’intérêt des cônes pour le brassage peuvent également être extraites au CO2 supercritique, pour avoir un produit extrêmement concentré et homogène. En général, les brasseries industrielles et mésobrasseries travaillent avec des pellets ou des extraits ; l’utilisation des cônes entiers nécessite d’adapter l’infrastructure.
Stockage
Il faut emballer le houblon de manière à ce qu’il soit protégé de la lumière (emballage opaque), de l’air (sous vide), de l’humidité et de la chaleur. Pour garder les qualités du houblon, il est préférable de le conserver au réfrigérateur ou encore mieux au congélateur. Toutes ces précautions doivent être mises en œuvre pour que le houblon ne s’oxyde pas. Le HSI (Hop Storage Index) est un indicateur déterminé en laboratoire permettant d’évaluer la fraîcheur du houblon.
Qualité
La qualité du houblon dépend du type de houblon. Pour les houblons amérisants, une teneur élevée en acides « alpha » est recherchée, alors que pour les houblons aromatiques, une huile essentielle caractéristique de la variété considérée est recherchée. Comme pour toutes les denrées alimentaires, des normes pour les traces en éléments métalliques et produits phytosanitaires sont également d’application. La qualité du houblon est affectée par des conditions climatiques défavorables et un mauvais état sanitaire. Il existe également des critères non chimiques. Pour respecter la norme de qualité du label « Houblon belge », ou la norme de qualité de houblon européen, il
faut que le houblon soit en adéquation avec les critères du tableau ci-dessous.
Norme de qualité du label « Houblon belge »
Maximum 12 % de teneur en humidité
Maximum 3 % de teneur en feuilles et tiges
Maximum 2 % de teneur en déchets de houblon
Maximum 4 % de teneur en cônes malades
Maximum 20 % de teneur en perte d’écailles
Maximum 1 % de teneur en semences
Norme de qualité de houblon européen
Maximum 14 % de teneur en humidité
Maximum 6 % de teneur en feuilles et tiges
Maximum 4 % de teneur en déchets de houblon
Maximum 2 % de teneur en semences
Quantité
Le rendement en cônes de matière sèche de houblon dépend du type de variété. En agriculture conventionnelle, les houblons amérisants produisent autour de 1.800 kg/ha alors que les houblons aromatiques produisent 900 kg/ha. Le houblon n’atteint pas directement la pleine production après son implantation. La production de cônes suit cette tendance : nulle la première année, 40 % la deuxième année, 90 % la troisième année et 100 % à partir de la quatrième année. Tout comme pour la qualité, la quantité produite de houblon est affectée par des conditions climatiques défavorables et un mauvais état sanitaire.
Législation
Il existe plusieurs dispositifs réglementaires d’application à la filière de production : • les règlements CEE n° 1696/71 et CE n° 1952/2005 concernant
l’organisation des marchés dans le secteur du houblon en Europe ;
• les règlements CE n°1308/2013 et CE n°1850/2006 à propos
des dispositions légales pour la certification, les groupements de
producteurs et les importations du houblon ;
• le règlement CE n°609/1999 concernant les modalités d’octroi
d’aides aux producteurs de houblon en Europe.
Éléments économiques
La mise en place d’une houblonnière et son exploitation nécessite de nombreux investissements. Pour l’installation de la houblonnière (le treillis et les plants), 23.000 €/ha tous frais et main-d’œuvre compris seront nécessaires. Il faut compter en moyenne 91.000 € d’investissement en matériel agricole (matériel neuf). En plus, il y a l’équipement pour le nettoyage et le conditionnement des cônes de houblon : une cueilleuse statique coûte entre 100.000
à 400.000 € neuve ou de 60.000 à 80.000 € d’occasion ;un séchoir environ 50.000 € ou 10.000 €, si on le construit soi-même ; une presse à cônes coûte environ 12.000 €. En comptabilisant 100.000 € supplémentaires pour un hangar de 450 m de stockage, le montant total en investissement, pour un hectare de houblon, est donc d’au moins 300.000 €. Il est évidement possible de réduire ces coûts en achetant du matériel d’occasion, en construisant soi‑même une partie du matériel ou en utilisant des locaux existants. Une augmentation de la surface de culture permet d’accroître la rentabilité de l’investissement pour la cueilleuse statique, le séchoir et la presse à cônes. Certains coûts pourraient être mutualisés au sein d’une coopérative ou d’une CUMA.