Puceron vert du pommier

Puceron vert du pommier

Marie Moerman - Auteur

Introduction

Le puceron vert du pommier, Aphis pomi, est un ravageur du pommier. Il peut également coloniser le poirier, l’aubépine, le néflier, le cognassier, le sorbier, le rosier et les spirées. Cette espèce est fréquente, mais elle ne provoque généralement pas de dégâts importants. 

Description

  • L’adulte aptère mesure environ 2 mm de long, il est de couleur verdâtre et possède un corps rond. Les cornicules (petites cornes sur l’arrière du dos) et les pattes sont noires. La base des antennes et des pattes est jaunâtre. Les individus ailés présentent les mêmes caractéristiques que les aptères. 
  • L’œuf présente une longueur allant de 0,5 à 1 mm, il est brillant, noir et de forme elliptique. 
  • La larve mesure également 2 mm de long à maturité, sa couleur va du vert pâle au vert-jaune. Il y a 5 stades nymphaux. 

Biologie

 

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Nom
Cycle de développement du puceron vert du pommier
Source
https://www.zerophyto-interreg.eu/medias/files/ft-puc-vert-amateur.pdf
Copyright
Cycle de développement du puceron vert du pommier
(Leleu et al., 2022)

Le puceron vert du pommier produit plusieurs générations par année. La totalité du cycle vital de cette espèce s’effectue sur une même plante hôte, généralement un pommier, un poirier, de l’aubépine ou du sorbier. Les œufs pondus à l’automne survivent à l’hiver à la base des bourgeons, sur les pousses terminales de l’hôte. Les œufs éclosent au printemps quand les bourgeons éclatent et que les premières feuilles se déplient. Les nymphes sont alors entièrement des femelles. La reproduction d’Aphis pomi s’effectue à ce moment par parthénogenèse. Chaque femelle peut produire de 50 à 100 descendants. Le cycle œuf/nymphe/adulte se produit sur une période de deux à trois semaines.

Les pucerons adultes présents dans la colonie sont majoritairement aptères. Il est possible d’apercevoir les colonies dès le mois de juin sur les jeunes pousses et les gourmands. Les populations sont à leur maximum entre la fin juillet et le début août. Quand la population devient trop nombreuse, des individus aillés apparaissent et se dispersent sur d’autres hôtes à proximité pour former de nouvelles colonies. À la fin de l’été, des mâles sont produits. Les femelles s’accouplent avec ces mâles et elles pondent ensuite des œufs, qui traversent l’hiver sur les branches.

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Nom
Cycle de vie du puceron vert du pommier et du puceron de la spirée
Source
https://reseaupommier.irda.qc.ca/?p=6469
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Cycle de vie du puceron vert du pommier et du puceron de la spirée (Morin et al., 2024)

Dégâts

Aphis pomi ne provoque généralement pas de dégâts importants. Néanmoins, lorsque la colonie est fort développée, les pucerons verts peuvent occasionner des dégâts importants sur jeunes arbres en créant des déformations et un affaiblissement général. 

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Nom
Dégât du puceron vert, enroulement de la feuille
Source
https://www.zerophyto-interreg.eu/blog/connaissance-des-ravageurs/le-puceron-vert-aphis-pomi.html
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Dégât du puceron vert, enroulement de la feuille (crédit: zero-ph(F)yto F&L (G))

Ces pucerons s'attaquent principalement aux jeunes pousses ou jeunes rameaux en piquant ceux-ci pour en extraire la sève. Ils provoquent l’enroulement des jeunes feuilles, un retard de la croissance des pousses et la présence d’un miellat sur les feuilles et les fruits. Ce liquide poisseux et gluant est propice au développement d'une maladie, la fumagine, qui recouvre le végétal d’un feutrage noir. Ce dernier aggrave les dégâts provoqués directement par les pucerons verts. Les pucerons verts peuvent aussi propager des maladies (virus, phytoplasmes) et contribuer à la dissémination du feu bactérien.

Le puceron vert du pommier entretien une relation symbiotique avec les fourmis. Le miellat qu'il produit constitue une excellente nourriture pour les fourmis, en échange de leur protection contre les prédateurs.

Prévention

Les observations au verger constituent un préliminaire indispensable à toute intervention. Le dépistage constitue la meilleure façon de connaître la situation exacte de votre verger et permet de prévenir bien des interventions inutiles. En effet, un problème détecté rapidement peut être plus facilement contrôlé. Des observations régulières (1 à 2 fois par semaine) permettent de constater l’état du verger et de déterminer si des interventions sont nécessaires. Le dépistage avec des pièges permet de déceler la présence de nombreux ravageurs (carpocapse, mouche de la pomme, punaise, hoplocampe, mineuse marbrée, etc.) et de déterminer si les seuils d’intervention sont atteints. L’observation du feuillage de pommier permet de détecter les acariens ravageurs et prédateurs ainsi que la cicadelle blanche tandis que l’observation des pousses et des fruits permet de déceler les tordeuses, les pucerons, les prédateurs et la présence du charançon de la prune.

Pour les pucerons verts, les trois catégories d’infestation sont les suivantes :
Faible colonie = présence de pucerons sur les feuilles, feuillage non enroulé;
Colonie modérée = présence de pucerons sur les feuilles, feuillage enroulé et peu ou pas de pucerons sur la tige de la pousse;
Colonie dense = présence de pucerons sur les feuilles et sur la tige, feuillage enroulé.

Pour plus de renseignements sur le dépistage et les seuils d’intervention, consultez les avertissements de centres pilotes concernés (GAWI, CEPIFRUIT).

 

Différents moyens existent pour limiter le développement des pucerons :

  • Favoriser le développement des prédateurs de pucerons:
  1. La coccinelle à 2 points, Adalia bipunctata: Famille de coléoptère bien connue, les Coccinellidae sont des prédateurs redoutables dont l'efficacité est reconnue contre les pucerons des arbres fruitiers, notamment contre le puceron vert du pommier, Aphis pomi. Les coccinelles adultes consomment une quantité importante de pucerons chaque jour et elles vont pondre de nombreux œufs dans la totalité de l’arbre et à proximité des foyers de pucerons. La coccinelle est active en mai;
  2. La larve d’une cécidomyie : Aphidoletes aphidimyza. Ce petit asticot orangé est un prédateur de puceron vert du pommier;
  3. Les larves de syrphes de différentes espèces : Ce sont de gros asticots, généralement blanchâtres, qui se nourrissent de pucerons;
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Nom
Larve_syrphe
Source
CRA-W
Copyright
Larve de chrysope (crédit: CRA-W)
  1. Les larves de chrysopes : ce sont des prédateurs généralistes qui se nourrissent aussi bien de cochenilles, d’acariens ou de pucerons;
  2. Des guêpes parasites qui pondent leurs œufs à l’intérieur des pucerons : c’est le cas de Binodoxys angelicae, Ephedrus plagiator, Lysiphlebus fabarum
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Nom
Répertoire des principaux organismes utiles dans les vergers
Source
Méthodes alternatives de protection des pommiers, Principales méthodes applicables pour le jardin domestique et la pomiculture commerciale
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Répertoire des principaux organismes utiles dans les vergers (Morel et al., 2013)

 

Favoriser au maximum la présence des insectes auxiliaires par des haies variées, des bandes florales diversifiées, un enherbement à fauches espacées, une zone en jachère à proximité directe des pommiers. Ces zones sauvages et fleuries offriront du nectar et d’autres proies aux insectes prédateurs et parasites du puceron vert du pommier. Les larves de syrphes sont les plus précoces et les plus voraces, puis viendront coccinelles, chrysopes, cécidomyies… 

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Nom
Bande fleurie en verger
Source
CRA-W
Copyright
Bande fleurie dans un verger (crédit: CRA-W)

Les vergers biologiques ont souvent une couverture de sol importante composée de graminées ou autres plantes herbacées. La diversité des végétaux composant le couvre-sol fournira des sources alimentaires de remplacement aux prédateurs utiles. Des plantes qui fournissent du pollen et du nectar sont à privilégier : l’achillée millefeuille, la carotte sauvage, l’aneth, la moutarde, le sarrasin, le trèfle, etc. Le sarrasin favorise les populations de larves de syrphes qui jouent un rôle très important dans le contrôle biologique des pucerons.

  • Eviter une forte fertilisation azotée

En effet, cela entraine une croissance excessive. Or, les rameaux à forte croissance sont les plus attaqués par le puceron vert;

  • Reporter la taille d’été (débarrasser l’arbre des branches mortes / couper l'extrémité des branches à la périphérie de la cime) afin d’éviter l’apparition de repousses. En effet, les pucerons sont friands de ces dernières. Il faudra donc attendre que les bourgeons terminaux soient formés; 
  • supprimer les gourmands au début du mois de juin pour éviter qu’ils n’attirent les pucerons.

Moyens de lutte

Moyens de lutte sans pulvérisation

  • Eliminer les rameaux infectés: 

    Cette technique consiste à couper les rameaux colonisés par les pucerons verts et à les exporter. Celle-ci doit être pratiquée au début de l’infestation. 

  • Bandes de glue: 

    La pose de bandes engluées avant le départ des premières branches et sur une largeur de 10 cm permet de piéger les fourmis. Les fourmis favorisent la présence de pucerons en les élevant afin de profiter de leur miellat. Lorsqu’elles sont absentes, les auxiliaires se développent plus facilement et les pucerons s’installent plus difficilement sur l’arbre. 

  • Lâchers d’auxiliaires:

    Pour lutter contre ce puceron de manière curative, des lâchers d’auxiliaires peuvent être réalisés. Par exemple, la coccinelle à 2 points, Adalia bipunctata, s’attaque à la majorité des espèces de pucerons présentes en vergers. Les coccinelles peuvent être achetées sous forme d’œufs, de larves ou d’adultes, à commander dès que les premiers foyers de pucerons sont repérés, puis à déposer dès réception à proximité des colonies. Elles sont actuellement commercialisées par plusieurs sociétés et peuvent se commander en ligne et en magasins spécialisés.

Remerciement à Alexis Jorion (CRA-W) pour la relecture de la fiche.