Moutarde sauvage des champs: adventice vivace
Taxonomie et impacts sur son écosystème
Nom latin : Sinapis avensis , famille des Brassicacées comme le colza, radis, choux, …
Noms communs : sanve, sénevé et chez nous sené.
ATTENTION: Ne pas le confondre avec le séné qui est un arbrisseau qui fait partie de la famille des légumineuses. C’est une plante médicinale qui est un puissant laxatif !
La moutarde sauvage ne passe pas inaperçue à la floraison puisque sa couleur jaune tranche avec la majorité des autres espèces cultivées excepté le colza et la moutarde.
Impacts:
- Le sené a une nuisibilité élevée sur le rendement des cultures
- Sa graine est toxique pour les herbivores.
- Sa présence est concurrentielle vis-à-vis des nutriments, de l’eau, … et peux avoir un facteur limitant sur la fourniture d’azote allant jusque 70 %.
Particularités de la moutarde des champs ou sené
Le sené préfère les sols neutres à basiques et calcaire.
Les sols sableux et hydromorphes ne lui sont pas favorables.
Ses graines germent en général entre 5 et 15 °c. Au-dessus de 20 °c sa germination diminue fortement ;
90 % des graines germent dans les 4 premiers cm du sol.
Une plante peut produire de 500 à 5000 graines et les nouvelles graines sont fortement dormantes.
La durée de vie des graines peut aller jusque 75 ans ! Le problème peut venir donc des générations précédentes.
La jeune plantule a besoin de beaucoup de lumière pour se développer.
Les cultures les plus infestées sont le colza, la moutarde et les cultures de printemps.
L'auteur a observé que le sené est gélif au stade cotylédon dans des céréales d’hiver semées tardivement lors d’hiver avec du gel à -8,-10°c.

Sa racine est pivotante et la forme des feuilles en rosette au stade juvénile engendre une résistance à l’arrachement assez précoce.
Lutte préventive et curative
Certaines informations ci-dessus sont intéressantes et permettent d’identifier plusieurs leviers agronomiques qu’il faudra combiner ensemble.
Les actions préventives
- La rotation longue a peu d’effet sur cette espèce puisqu’elle germe à peu près toute l’année et les graines ont une durée de vie très longue.
- Privilégier les céréales d’hiver aux céréales de printemps.
- Eviter la culture du colza dans des parcelles fortement infestées.
- Le besoin de lumière de la moutarde des champs pour se développer impose des cultures couvrantes et concurrentielles.
- Le colza sera associé à des plantes compagnes et semé à une densité suffisante pour produire une biomasse qui fera de l’ombrage.
- Choisir des variétés de céréale couvrante (feuille étalée, précoce à la montaison et de taille moyenne à haute)
- Implanter des couverts qui couvriront rapidement le sol et avec une biomasse importante (espèce, variété, densité de semis, …)
- Le chanvre et le sarrasin couvrent rapidement le sol et sont concurrentiels.
- Trier les semences.
- Composter 2 x le fumier.
- Nettoyer la moissonneuse entre deux parcelles.
- Ecimer le sené à la floraison si les inflorescences dépassent la culture. Dans le cas d’une floraison avancée avec la présence de silique, il est conseillé d’utiliser une écimeuse-collecteuse.
- Dans le cas d’implantation d’un jeune fourrage, réaliser un broyage de nettoyage ou récolter avant que les siliques ne contiennent des graines.
Les actions curatives
- Réaliser plusieurs déchaumages pour diminuer le stock semencier. Les nouvelles graines de l’années vont rentrer majoritairement en dormance.
- Les faux semis sont très efficaces. Lors du semis de la culture, le sol devra être retravaillé le moins possible pour éviter de faire remonter des graines dans la zone favorable à la germination.
- Le binage est efficace dans l’interligne.
- Semer 15 jours plus tôt à condition de pouvoir désherber avant l’hiver.
- Pour les céréales d’hiver, retarder la date de semis est efficace cependant il y a un risque de travailler dans de moins bonne condition surtout dans les sols plus argileux. Dans les régions froides d’Ardenne et haute Ardenne le semis ne peux pas être trop tardif pour laisser le temps à la culture de se développer correctement pour passer l’hiver.
Focus sur le désherbage des céréales avant l’hiver
Les conditions pour désherber avant l’hiver ne sont pas toujours au rendez-vous. Un semis plus précoce suivi d’une période sèche permet de réaliser un désherbage à l’aveugle quelques jours après le semis. La céréale peut avoir déjà des petites radicelles et un germe de 2-3 mm. Il ne faut pas non plus être en période trop sèche pour garder de l’humidité près des semences de céréale en cours de germination. La vitesse de travail avec une herse étrille doit être faible pour laisser les graines de céréale au même niveau voir les laisser un peu descendre.
Attention que la levée de céréale d’un semis plus précoce peut être rapide (5-7 jours). Un germe blanc prêt à sortir casse comme du verre !
Ensuite si les conditions restent favorables, un désherbage dès 2 feuilles des céréales est possible à vitesse réduite.
Ces désherbages vont remonter les mottes de terre et éviter les problèmes de glaçage durant l’hiver.
- Le labour ne diminue pas le stock semencier. Par contre, il permet de repartir d’une « page blanche » (pas de plante viable et un stock de semence d’adventice dilué).
- En non-labour, les graines seront concentrées dans la zone favorable à la germination et sans la pratique du faux-semis, les levées peuvent être très abondantes.
- Le désherbage mécanique avec une herse étrille, étrille rotative et houe rotative est efficace si le stade végétatif du sené au stade cotylédon à une paire de feuilles.
- Le désherbage thermique est efficace sur un stade végétatif jusqu'au stade cotylédon à 1 paire de feuille

Sources: une partie des informations apportées dans cette fiche proviennent d'observations directes de l'auteur