La carotte
1. Introduction
1.1. Origine
Probablement originaire du Cachemire et de l'Himalaya occidental.
En Europe, c'est à partir du 12ème siècle qu'on distingue les carottes « rouges » des blanches. Au cours du 19ème siècle va s'opérer une vaste différenciation, les anciennes formes pourpres, jaunes et blanches vont régresser au profit de la carotte orange. Elle existe également à l'état sauvage dans toutes les régions tempérées, où elle a tendance à devenir envahissante dans les terrains humifères.
1.2. Particularités
1.2.1.Type de plante
Plante bisannuelle cultivée comme une plante annuelle.
1.2.2.Racines
Racine pivotante tubérisée.
1.2.3.Fruit
Les fruits sont des diakènes incurvés, formés de deux graines striées aromatiques.
1.2.4.Repères de culture
1.2.4.1. Facultés germinatives
4 à 5 ans.
1.2.4.2. Levée
10 à 20 jours.
1.2.4.3. Nb de graines / gramme
800 à 1 000.
1.2.4.4. Peuplement
15 000 à 20 000 racines par are, soit un interligne de 20 à 50 cm et 60 à 100 graines au mètre linéaire.
2. Les besoins
2.1. Climat
Climat océanique doux et humide
2.2. Températures
Températures moyennes sur l'ensemble de la saison de culture comprises entre 16°C et 18°C. Zéro végétatif aux environs de 9°. Comme le carotte supporte les petites gelées, on peut la semer assez tôt en saison en choisissant les variétés adaptées au créneau de cultures.
Après grossissement, la racine peut résister à des températures de l'ordre de -4°C/-3°C.
2.3. Eau
Les apports d'eau doivent être réguliers, sans à-coups ou manque, cela de limiter les risques d'éclatement, le verdissement du collet, ou des irrégularités dans le calibre.
Un excès d'eau entraîne des problèmes de décoloration, une diminution de la longueur de la racine, un risque de pourrissement (notamment en sols argileux) ainsi qu'un lessivage de l'azote.
2.4. Sol
La carotte s'accommode de sols divers et permet surtout la valorisation de sols sableux et sablo-limoneux, où on obtient les meilleurs rendements potentiels
Eviter les sols trop lourds avec une teneur en argile supérieure à 18 %, notamment lors de stockage au champ, car risques de pourriture lorsque les pluies sont trop abondantes, et éclatement en cas de forte gelée. Ils sont par ailleurs défavorables à la qualité sanitaire des racines.
Le meilleur compromis, à la fois d'un point de vue technique, sanitaire, et de la qualité gustative, consiste donc à travailler en sols sablo-limoneux avec des sols profonds et légers (une caractéristique commune aux légumes-racine), frais, non battants et bien drainants.
3. La culture
3.1. Rotation
Intervalle minimum de rotation de cinq ans, et augmenté à sept ans en culture sur sols très sableux du fait du risque de nématodes.
3.2. Choix des variétés
L'époque de production, pour laquelle on recherche des précocités différentes (précoces, semi-précoces, mi-tardives, tardives) permet de différencier :
• Les carottes primeurs d'avril à fin juin
• Les carottes de saison ou d'été de mi-juin à mi-septembre
• Les carottes de conservation ou de garde d'octobre à mai.
Selon la forme et la longueur de la racine, on distingue différentes variétés :
• Les carottes longues, cylindro-coniques et volumineuses, le plus souvent utilisées dans l'industrie (macédoine, carottes râpées). Récoltes d'hiver (carotte de conservation).
• Les carottes demi-longue de pleine terre (de 15 à 20 cm), type demi-longue Nantaise améliorée et le type Touchon, récoltes de saison (été et début d'automne).
• Les carottes demi-longue à forcer, comparables aux précédentes mais plus précoces, regroupant les variétés Nantaise à forcer, de Carentan, Bureau et Amsterdam à forcer.
• Les carottes demi-courtes qui acceptent tous les climats, cultivées en hiver car elles est très résistantes au froid
• Les carottes courtes, de très faible rendement et peu cultivées. Conserves appertisées.
3.3. Cycle de culture
Lève lentement (25 jours à 10°C pour des semis d'automne sous abri de carotte primeur de printemps ; 10 à 11 jours à 18-20°C pour des semis de printemps de carotte de plein champ, avec des variétés modernes) et de façon aléatoire (du moins pour les variétés anciennes), d'où une longue tradition de semis denses.
La précision de la durée de germination est importante car les producteurs tablent dessus pour placer l'intervention de désherbage thermique.
L'état végétatif peut être divisé en trois phases :
· Première phase : installation caractérisée par une plongée rapide d'une fine racine primaire. Les cotylédons sont pratiquement les seules surfaces photosynthétiques : la concurrence inter-plantes est très précoce à ce niveau, aboutissant à une éventuelle hétérogénéité des racines récoltées.
· Seconde phase : développement foliacé en rosette, produisant les réserves nécessaires au grossissement des racines, implique la nécessité de disposer, tout au long de la culture, de feuilles saines.
Durant cette phase de croissance, le diamètre de la racine principale ne bouge presque pas.
· Troisième phase : tubérisation de la racine, elle débute lentement pour s'accélérer ensuite, et dépend du type variétal.
La tubérisation se réalise sur tout l'axe hypocotylé (désigne une partie de la tige d'une plantule située en dessous des cotylédons) et sur une partie plus ou moins longue de la racine selon le type variétal.
La racine continue à grossir tant que les feuilles sont présentes. L'accroissement en diamètre peut être identique sur toute cette longueur (carotte cylindrique) ou non (variétés coniques). Dans le premier cas, il peut se terminer brusquement, on dit alors que la racine est « boutée ».
3.4. Fertilisation
L'apport de fumier ou de compost mûr doit donc se faire entre un mois et demi et deux mois à l'avance, en veillant à ce qu'il n'y ait pas de mottes de fumier pouvant faire obstacle et donner lieu à des racines fourchues.
Besoins en éléments minéraux :
· Les besoins en azote sont faibles pendant les six à sept premières semaines de végétation, plus importants ensuite, à partir du stade « crayon » 60 à 80 unités par hectare, voire 100. Cet élément est apporté par la fumure de fond, généralement du fumier ou un engrais organique sous forme de tourteau
Les semis précoces de printemps peuvent nécessiter un apport en fertilisants à libération rapide.
Lors de la technique de la solarisation pour la préparation du sol, il faut être vigilant aux excès d'azote qu'elle entraîne.
3.5. Sol
Deux caractères essentiels sont à prendre en compte pour la préparation du sol : la levée est lente et on ne repique pas la carotte.
Le semis est un moment décisif dans le cycle de la culture.
Deux stratégies complémentaires sont à envisager :
· Le lit de semences et la manière dont celui-ci est réalisé, avec notamment la technique du faux-semis
· Un semis tardif facilite les faux-semis et une levée plus rapide grâce au réchauffement du sol. Un semis fin juin est adapté pour la carotte de conservation (il permet de ne pas subir les premiers vols de la mouche et d'avoir une récolte d'automne). Dans le cas de la carotte primeur, on peut aussi avancer le semis à la fin de l'automne (octobre) lorsque le climat le permet (bonnes conditions de portance des sols, pas de gelées ...).
Après un travail profond du sol, on réalisera le lite de germination à l’aide d’un cultirateau ou d’une herse rotative, plusieurs faux semis pourront être réalisés si nécessaires.
3.6. Semis
Un taux de germination de l'ordre de 70%. La densité du semis est fonction de différents paramètres :
· Le calibre des graines
· Le système de culture (carotte primeur, carotte de saison ou de garde)
· Le type de semis (en ligne ou éclaté). Le semoir manuel est parfaitement adapté aux petites surfaces.
La densité de semis influe sur la taille finale de la carotte. Il faut veiller à obtenir des diamètres homogènes, sachant que les plus petits diamètres (<20 mm) ne sont pas commercialisables, de même que les trop gros (> 40 mm).
3.7. Irrigation
Les apports d'eau doivent être réguliers, sans à-coups ou manque. C'est ce qui permet de limiter les risques d'éclatement, le verdissement du collet, ou des irrégularités dans le calibre.
Un excès d'eau entraîne des problèmes de décoloration, une diminution de la longueur de la racine, un risque de pourrissement (notamment en sols argileux) ainsi qu'un lessivage de l'azote (d'où la nécessité, pour les semis de printemps de plein champ soumis au risque d'un excès de précipitations, d'apporter une fertilisation à libération lente).
Les besoins en eau évoluent au cours du développement de la plante.
3.8. Entretien de culture
La carotte étant une culture salissante, le désherbage n’est pas à négliger.
Le travail manuel de désherbage constitue un poste important de dépenses qui peut rapidement remettre en cause la rentabilité de la culture lorsque ce désherbage n'est pas maîtrisé (de 150 à 300 heures de travail par hectare dans une situation idéale mais on peut atteindre 900 heures de travail par hectare si l'on perd la maîtrise du désherbage, seuil à partir duquel la culture n'est plus du tout rentable).
La technique du faux semis est fortement préconisée. Combinée à un désherbage thermique (avant le semis puis en pré-levée, généralement huit à neuf jours après le semis), c'est la seule technique permettant de limiter au maximum le désherbage manuel (jusqu'à 150 heures par hectare).
Pour repérer le moment idéal du passage du désherbeur thermique, on peut poser un film plastique sur un bout de rang, qui va hâter la germination de deux ou trois Jours. Dès que la germination est apparente sous le film, c'est le moment de passer le désherbeur thermique.
Une autre technique consiste à passer la herse étrille après le semis. Cela a pour effet d'améliorer la levée, mais c'est une technique risquée, car elle peut conduire à sortir les graines de terre. Ces approches sont d'autant plus efficaces que la carotte s'inscrit dans une rotation qui inclut comme précédent une culture « nettoyante » à fort développement étouffant les adventices.
4. Protection et soin des plants et des fruits
4.1. Maladies
Alternaria dauci, alternaria radicina
Cavity spot (pythium violae, pythium sulcatum)
Maladie de la bague (phytophtora megasperma)
Mildiou (plasmopora nivea)
Sclérotiniose (Sclerotinia sclerotiorum)
Oïdium (Erysiphe ombeliferrum, Laveillula taurica)
Maladie de la tache noire (Mycocentrospora acerina)
4.2. Ravageurs
Mouche de la carotte (Psila rosae)
Pucerons (Cavariella aeogopodi, Semiaphis dauci, Aphis lambersi, myzus persicae)
Nématodes à galles (Pratylenchus sp, Meloidogyne sp, Heterodera carotae)
Taupin (Agriotes sp)
5. Récolte et conservation
Le diamètre de la carotte est compris entre 20 et 40 mm de diamètre, elle doit être entière, lisse ; fraîche, ferme, de forme régulière saine, non montée ni boisée et sans collet vert.
La conservation au champ peut se faire en zone non gélives mais il faut prévoir des protections pour les mois à risques.
Pour les autres régions, l’arrachage se fait à maturité avec une conservation en cave ou en froid positif proche de 0°C.
Pour les carottes primeurs, elles sont vendues lavées, bottées et liées.
La botte dite "nantaise" est de 7 à 8 racines bien développées cependant la botte dite "parisienne" comprend 10 à 12 racines plus fines.
Les carottes bottées sont des produits très fragiles, la commercialisation doit se faire au plus vite.
Pour la commercialisation au détail, les carottes sont présentées soit en bottes de 500 g minimum, soit en cageots de 30 x 50 x 20 cm, pour un poids net de 10 à 14 kg.