L'avoine nue

L'avoine nue

Patrick Silvestre - Auteur technique

Introduction

L’avoine nue est une céréale peu gourmande et qui s’implante facilement. Elle ne doit pas être décortiquée.

Sa production paraît plus faible qu’une avoine vêtue mais cela correspond au poids de l’enveloppe qui n’est pas présente chez l’avoine nue. 

Ses qualités nutritionnelles sont très intéressantes pour l’alimentation des monogastriques. Riche en énergie (équivalent au maïs), protéines, acides aminées essentiels, huiles et antioxydants.

Intéressante dans la rotation par son caractère nettoyant.

Spécificité de l'avoine nue

Originaire de Chine, l'avoine nue présente la particularité d’avoir une écale (enveloppe) beaucoup plus mince que l’avoine vêtue. Ce caractère « nu » est le résultat d’une sélection génétique. À la moisson, l’écale reste avec les pailles et seul le grain dévêtu est récolté. Après séchage et triage, le grain proprement dit (l’amande) peut être utilisée directement (sans décorticage) pour la fabrication de flocons en alimentation humaine (ou autres) (FRAB, 2010 ; Sem-Partners, 2014).  

Les rendements en amandes des variétés d’avoine nue équivalent globalement à ceux des variétés d’avoine vêtue une fois le grain décortiqué. En effet, l’écale de l’avoine vêtue représente entre 20 et 30% du poids du grain (Sem-Partners, 2014). 

Le caractère « nu » de l’avoine est déterminé génétiquement mais pas uniquement. En effet, au champ 5 à 10% des grains peuvent être encore vêtus après le battage. C’est pourquoi le grain doit être à sur-maturité à la moisson. Une baisse de la température au moment de la floraison peut engendrer une plus grande proportion de grains vêtus. Les conditions de cultures ainsi que la récolte sont dès lors des facteurs déterminants de ce caractère (Lawes and Boland, 1974 ; Sem-partners, 2014).

Alimentation animale

Elle est intéressante dans des rations destinées aux monogastriques (poulets et porcs). Les concentrations en énergie, protéines ainsi que les acides aminées (AA) (cystine, lysine, arginine) de l’avoine nue sont très intéressantes. Les cultivars actuels contiennent non seulement autant d’énergie métabolisable que le maïs, mais également davantage de protéines de haute qualité. 

L’avoine nue peut constituer la principale, source d’énergie et de protéines utilisée dans l’alimentation du porc et de la volaille moyennant une intégration d’éléments minéraux et en respectant les proportions d’acides aminés.

. En effet, la caractéristique nue permet de concentrer de 30 à 40% des nutriments contenus dans l’amande et divise par quatre sa teneur en fibres. De plus, l’avoine à grains nus contient un taux extrêmement élevé de lysine, un acide aminé jouant un rôle essentiel dans la croissance musculaire. Elle présente aussi des concentrations élevées de bêtaglucane (qui peut contribuer à la réduction du cholestérol) et d’antioxydants, ainsi qu’un indice glycémique faible.

Tableau 1 : Pourcentage de protéines pour l’avoine nue, vêtue et le blé. Source : Fournier, A. 2001.

 

Avoine nue

Avoine vêtue

Blé

Protéine brute (%)

17,2

13,2

14,2

Tableau 2 : Composition chimique de l’avoine nue, du blé et de l’orge. Source : Sem-partners, 2014.

Composant

Avoine nue

Blé

Orge

Huile (g/kg de MS)

83-97

19

13

Lysine (g/kg de MS)

5

3.4

4.5

Méthionine et cystine (g/kg de MS)

6.2

4.3

5.2

Énergie digestible (porcs) (MJ/kg)

16

14.7

13

Énergie métabolisme (volaille) (MJ/kg)

16.5

15

14.2

 

Choix variétal (exemples)

Hiver : Variété AC Gehl (dépourvues de trichomes, poils irritants), Bastion, Grafton, …

Printemps : Tatran, Lennon, Otakar, Oliver, Saul, Vazec, …

Préparation du sol 

Préparation identique à celle pour un blé. Le système racinaire puissant de l’avoine colonise bien le sol et lui donnera une structure grumeleuse.

La culture s’adapte aux sols lourds, humides et acides. Elle s’adapte bien aux bonnes terres. Attention aux sols légers et séchants, l’avoine craint l’échaudage. Elle est peu gourmande et exigeante en fumure. 

Place dans la rotation 

L’avoine, de manière générale, est une bonne tête de rotation. Elle nettoie également bien les sols par ses vertus allélopathiques. L’avoine peut tout à fait être implantée en fin de rotation, sur des sols appauvris en éléments minéraux. À noter qu’une avoine après un précédent (prairies, protéagineux) riche peut avoir tendance à beaucoup se développer au détriment du grain. Choisir un précédent propre sans repousses de céréales ni de folle avoine. Elle est résistante au piétin verse :  elle peut donc être semée en deuxième ou troisième paille. Eviter malgré tout de cultiver une avoine nue deux années de suite sur la même parcelle.

Semis 

Date de semis

Semis d’hiver:  à l’automne entre le 15 octobre et le début du mois de novembre.

Semis de printemps : Le lit de germination devra être ressuyé et il sera préférable de semer vers la mi-mars.

La période optimale de semis de printemps se situe entre le 01 et le 15 mars (le 15 mars étant la période idéale en Belgique)

Après le 15 mars, la capacité de tallage de l’avoine risque d’être pénalisée.

Densité de semis

Le poids de mille grains (PMG) est d’environ 25 g.

Pour les semis d’hiver (à la mi-octobre), on vise un objectif de 350 plantes/m², soit une dose de 90 kg/ha selon le PMG.

Pour les semis de printemps, on vise un objectif de 350 à 400 plantes/m², soit une dose de 90 à 100 kg selon le PMG.

Profondeur de semis

La profondeur de semis correspond à 3 fois la taille du grain, de l’ordre de 2 à 3 cm de profondeur. Le semis ne doit pas être trop profond (graine recouverte).

Associations

L’avoine peut être semée en association avec d’autres céréales et légumineuses d’hiver ou de printemps. Ces associations peuvent avoir différents objectifs : production de grains et/ou de fourrage destinés à l’alimentation animale. La densité de semis seront donc revues à la baisse, soit un tiers en moins que l’avoine classique (PMG plus faible et prix plus élevé). L’avoine peut également être semée en association avec la féverole. Cette association est intéressante au champ pour préserver la propreté de la parcelle.

Conduite de la culture 

Fertilisation

La fertilisation est à raisonner en fonction du système de l’exploitation dans lequel on se trouve. Cependant, l’avoine doit sa réputation de plante peu exigeante à son système racinaire plus profond et plus développé que d’autres céréales. Ceci lui permet d’aller chercher des sources de nutriments et d’oligo-éléments plus en profondeur. 

Désherbage

Désherbage mécanique classique en bio : herse étrille, houe rotative, étrille rotative (si c’est nécessaire)

Maladies et ravageurs

Les principales maladies rencontrées sont la rouille couronnée, l’oïdium, le charbon et la septoriose. 

Les moyens de lutte contre ce type de maladie sont limités. Il convient donc de privilégier la résistance variétale.

L’avoine est cependant peu ou pas sensible aux maladies du pied type piétin verse.

Récolte et stockage :

Récolte

  • Vitesse du batteur : autour de 900 tours/minute. 

  • Ecartement du contre batteur doit également être régler soigneusement pour éviter l’endommagement des grains. 

  • Récolte impérative à maturité complète pour obtenir le minimum de graines recouvertes par une écale.

Stockage

Les grains doivent être stockés parfaitement secs afin d’éviter une prise de masse et assurer une conservation de toutes ses qualités intrinsèques. 

La teneur en matière grasse est élevée ainsi que son poids spécifique. Dans les jours qui suivent la récolte prévoyez une cellule permettant une ventilation de la cellule ou un stockage à plat d’une hauteur peu élevée permettant un brassage dans le but d’obtenir une marchandise, inférieure à 12% d’humidité, parfaitement stable. 

Un mélange féverole/avoine nue pourrait être intéressant lors de la phase de stockage. En effet, le gros calibre de grain de féverole permettrait d’aérer le stock de grain d’avoine.