L'orge brassicole
Introduction
La demande en orge de brasserie bio en Wallonie est de plus en plus importante mais peu de producteurs se lancent dans l'aventure. En effet, la production d'orge brassicole nécessite de la
rigueur et un suivi attentif. Pourtant, la culture d'orge de brasserie peut s'avérer une opportunité de diversification rentable.
Trois paramètres essentiels sont à respecter pour éviter tout déclassement de sa production. Le taux de protéines doit être entre 9,5 et 12,5 (idéalement compris entre 10 et 11 %), la capacité germinative doit être supérieure à 95 % et le taux d'orgette doit être limité (< 10 % de grains de < 2,2 mm). Un peu d'orgette ne pose pas de problème car le malteur ou le stockeur est en mesure de pouvoir la trier. En revanche, au-delà d'un certain seuil, l'orge peut être déclassée. Très sensible aux situations d’hydromorphie et d’anoxie, il faut éviter les semelles de labour, les sols creux et les terrains ne ressuyant que tardivement au printemps. Moins sensible aux maladies que le blé (ex. : piétin), l’orge pourra être introduite dans la rotation comme seconde paille. La fusariose de l'épi est une maladie qui peut produire des mycotoxines (DON). Leur présence est également source de déclassement. La durée de son cycle est courte, ce qui réduit la fenêtre d’implantation pour un rendement optimal et la rend sensible aux accidents climatiques.
Choix variétal
De nombreuses variétés sont disponibles sur le marché, mais toutes ne sont pas acceptées par les brasseurs. Le choix variétal est conditionné par le malteur et le brasseur. Renseignez-vous avant de semer.
• RGT Planet : c'est la variété la plus utilisée, rendement très intéressant, très peu sensible aux maladies. • KWS Irina : un peu plus sensible aux maladies que Planet. Cette variété est proche de RGT Planet et plus tardive.
• Salamandre : c'est une variété d'orge d'hiver 2 rangs précoce, bonne productivité, bon calibre, résistante aux maladies, PMG et PS élevé et bonne résistance à la verse.
• Sébastian et Prestige : sont des variétés plus anciennes avec des comportements intéressants.
Préparation du sol
La préparation du sol doit être soignée pour favoriser une bonne implantation et permettre la levée la plus homogène possible et le développement rapide de la plante. Un labour superficiel (ou agronomique) d'hiver ou de printemps est préconisé.Le lit de semences ne devra pas être trop motteux pour une levée homogène et un développement rapide. Il s'agit donc de travailler un sol suffisamment ressuyé. Plus l’implantation est tardive, plus le lit de semences devra être fin.
Semis
Date de semis
La période optimale pour le semis se situe entre le 1er mars et le 15 mars - le 15 mars étant la période idéale en Belgique. • Avant le 15 février, la culture risque d’être exposée aux attaques des ravageurs comme les corvidés. La levée doit être rapide- • Après le 15 mars, la capacité de tallage de l’orge risque d'être moins conséquente et la culture risque d'être moins résiliente à un manque d'eau durant sa croissance. Rouler le semis peut être bénéfique pour une levée rapide et homogène. Cependant, il faudra veiller à la profondeur de semis car le passage du rouleau diminue le niveau de profondeur de l'emplacement de la graine. Un désherbage mécanique avant la levée est recommandé car le rouleau favorise aussi la levée des adventices. L'interligne peut être adapté pour réaliser du désherbage par binage. Dans ce cas, un interligne entre 15 et 25 cm est idéal.
Densité de semis
La densité de semis recommandée est de 300 à 350 grains/m. Par exemple, pour un PMG de 50 g, il faudra semer à 150- 175 kg/ha.
Conduite de culture
Fertilisation
C'est un point délicat à traiter pour l'orge brassicole, car la fertilisation influe considérablement sur la teneur en protéines du grain : une fertilisation trop importante conduit à un excès de protéines alors qu'une impasse entraîne une production de grain trop faible en protéines et un calibre trop faible. Moins exigeante que le blé, l’orge de printemps valorise bien les fertilisations organiques. Par exemple, derrière une céréale avec les pailles ramassées, 15 t/ha de compost peuvent être épandues avant l'implantation d'un couvert. Au printemps, avant le semis, un apport d'un engrais organique à action rapide peut être apporté. Soit 20 m/ha de lisier de bovin ou 15 m/ha de lisier de porc ou 4 t/ ha de fiente de volaille. En effet, l'azote doit pouvoir être disponible immédiatement car l'orge n'a pas beaucoup de temps pour se développer et elle doit pouvoir démarrer sa croissance le plus tôt- et le plus vite possible. Les besoins en phosphore et potasse seront comblés par l’apport des amendements organiques ci-dessus.
Désherbage
Ce sont avant tout les méthodes préventives qui maintiennent la propreté des parcelles : rotations longues et diversifiées, labour occasionnel, déchaumage et faux-semis, choix des variétés et gestion des intercultures. Un désherbage mécanique en plein est recommandé (houe, herse étrille ou étrille rotative) quelques jours après le semis (l'orge peut avoir un germe d'environ 1 cm). Ensuite, après la levée, il est possible de passer dès deux feuilles
toujours en plein et lentement. D'autres passages sont possibles en fonction de la présence des adventices. Le binage est possible pour les semis à plus grand interligne.
Maladies et ravageurs
Choisir des variétés résistantes à la rhynchosporiose, à l’helmintosporiose et à la rouille. Il est important de mettre en place tous les leviers agronomiques possibles : bien respecter la densité de semis préconisée, pour éviter les maladies fongiques et la verse, semer au bon moment, bien choisir la place de l'orge dans la rotation et enfin favoriser la biodiversité fonctionnelle.
La récolte et le stockage
C'est LE point le plus important à contrôler en orge de brasserie car, neuf fois sur dix, une récolte réalisée dans de mauvaises conditions et un mauvais stockage entraînent un déclassement.
Récolte
Les conditions de récolte sont déterminantes pour avoir des facultés germinatives intéressantes. Une analyse qualitative réalisée par un laboratoire certifié est recommandée environ une semaine avant la récolte. Ceci permettra d'éviter de mélanger des récoltes qui pourraient faire déclasser tout un lot. Vous pouvez contacter le Laboratoire qualité du CRA-W. La récolte ne peut commencer que lorsque le grain est bien mûr, avec, si possible, une teneur en eau inférieure à 14 %. Les récoltes sont déclassées d'office si la teneur en eau est supérieure à 18 %. Pour être sûr d'atteindre un taux d'humidité idéal, il convient de récolter le grain une fois que l’on a mesuré, à deux reprises et à intervalles différents, un taux d'humidité de 14 %.
Stockage
Pour parvenir à conserver le pouvoir germinatif et une bonne qualité sanitaire (problème de mycotoxines) pendant les périodes obligatoires de stockage, le stockeur doit amener le plus rapidement possible la température du grain dans le silo sous 15 °C, mais surtout l'humidité du grain autour de 14 %, d'où la nécessité de récolter quand le grain est sec. Ces mesures sont prises car le malteur ne peut pas malter le grain juste après la récolte (problème de dormance des graines) : les graines doivent donc être stockées pendant six mois minimum. En année humide, il convient de sécher les récoltes sans que la température à l'intérieur du grain ne dépasse 38 °C car, au-delà, on tue le germe.