Technique de désaisonnement en élevage ovin
Introduction
En élevage biologique on a souvent recours à un système de reproduction qui est basé sur un agnelage principal par an. Afin de mieux étaler les mise bas ou produire en contre-saison il existe différentes techniques pour pratiquer le désaisonnement.
Pratique de l'effet mâle
L'utilisation de l'effet bélier peut-être utilisé afin décaler la saison sexuelle d'un mois avant ou après la saison de lutte habituelle.
On utilise souvent cette technique pour permettre de faire coïncider la période de lactation avec la pousse de l'herbe pour améliorer l'autonomie alimentaire et profiter de la pointe des herbes au printemps.
L'effet mâle, ou effet bélier, facilite à la fois l'avancement de la période reproduction pour les races saisonnées et permet aussi de synchroniser les chaleurs.
Celui-ci consiste à déclencher les chaleurs chez les brebis par contact avec des béliers sans avoir l'acte de saillie. Lorsqu'il y a une séparation complète d'individus mâles et femelles, l'introduction de celui-ci dans un troupeau de brebis en anœstrus provoque sur les femelles l'apparition d'ovulation dans les jours qui suivent. Ce phénomènes et directement lié à la production de phéromones par le mâle (signaux chimiques).
Attention : Il est important au préalable que la durée de séparation entre le mâle et les femelles soit de minimum 1 mois. Durant cette période il est indispensable que les individus de sexes différents soient complètement séparés d'une distance minimum de 100 m afin qu'il puisse ni se voir, ni s'entendre et ni se sentir. Après cela le bélier est introduit dans le groupe de femelles en anœstrus.
L'ovulation spontanée des femelles intervient dans les 50 heures après l'introduction du mâle. La première ovulation est souvent appelé chaleurs silencieuses parce qu'elle n'est pas accompagnée du comportement habituel des chaleurs et donc passe la plus part du temps inaperçue. Une seconde ovulation avec des comportements de chaleurs aura lieu 17 jours plus tard.
Les facteurs de variation de réussite de cette technique
- La date d'introduction du bélier : L'efficacité est optimale si le mâle est introduit à la fin de la saison sexuelle ou le mois qui précède le retour en cycle des brebis. Si on introduit trop tôt le bélier l'anœstrus sera trop intense et il n'y aura qu'une faible proportion de brebis qui ovuleront suite à l'introduction du bélier.
- Le nombre de brebis en anœstrus : il faut compter 1 bélier pour 25 brebis.
- La race : En agriculture biologique on a recours à des races ayant des saisons sexuelles longues comme l'Île de France qui permette d'allonger la période de production.
- Les races dites désaisonnables (Île de France, Limousine, Romane) sont sensibles à l'effet mâle. Tandis que les races herbagères (Texel français, Charolais, Suffolk), plus saisonnées, montreront en revanche des résultats moins probants en pleine contre-saison.
- L'état d'embonpoint des brebis est très important : l'idéal est de réaliser une période de remise en état corporel durant 3 semaines en augmentant les apports énergétiques de 20% avant la mise en lutte.
- Un intervalle assez long entre le tarissement et la mise à la reproduction.
- L'âge des brebis : il est préférables de pratiquer cette technique sur des brebis âgées car elles ont leur système olfactif plus développé.
- La capacité de désaisonnement du troupeau est renforcé de génération en génération. Dès lors, il est recommandé de conservé des agnelles qui seront nées en contre saison.
Le traitement lumineux
Le déclenchement de l'activité sexuelle des ovins est provoqué par le raccourcissement des jours qui fait intervenir la mélatonine, hormone qui est produite naturellement pendant la nuit. Plus la durée de nuit augmente, plus de taux de l'hormone augmente, ce qui déclenchera les premières chaleurs.
Le principe du traitement lumineux se base sur une alternance de jours longs (environ 16h d’éclairement lumineux quotidien) et de jours courts (environ 8h d’éclairement lumineux quotidien). Cette alternance existe normalement dans les conditions naturelles entre le printemps et l’automne.
Les jours longs simulés sont réalisés en créant une aube fixe artificielle (éclairement par exemple entre 6h00 à 9h00 le matin), puis éclairement à nouveau pendant 2h (de 22h00 à minuit) qui se situe dans la phase photosensible qui a lieu 16 à 18h00 après l’aube.
Les jours courts peuvent être mimés par les jours naturels qui suivent le traitement jours longs, quand ce dernier s’arrête avant la fin février ou la mi-mars.
Dans la pratique, l’éclairement lumineux est apporté par des tubes fluorescents, de préférence aux lampes halogènes, fournissant environ 200 lux (unité de mesure de l’éclairement lumineux : un lux est l’éclairement d’une surface qui reçoit, d’une manière uniformément répartie, un flux lumineux d’un lumen par mètre carré) au niveau des yeux des animaux, à fin d’obtenir un effet « jours longs ». La première phase « jours longs » dure 75 jours et l’intervalle entre la fin des jours longs et l’introduction des boucs peut être comprise entre 35 et 70 jours. Les mâles inducteurs doivent avoir reçu le même traitement que les femelles. C’est l’effet qui induira les ovulations, c’est-à-dire introduire le bouc dans le même groupe de femelles, avec contact direct et non dans une loge adjacente.
Le traitement lumineux est autorisé en agriculture biologique pour décaler la période de reproduction, mais cette technique est très peu utilisée suite à son coût d’investissement élevé. De plus, il faut une bonne gestion de l’alimentation, qui est une contrainte supplémentaire de gestion de travail.
L'insémination artificielle
Il est possible de réaliser des inséminations artificielles sur les brebis ayant des chaleurs plus groupées avec l’effet bélier, afin de permettre à l’éleveur d’accéder à des schémas collectifs de sélection. Malgré tout, c’est une pratique qui est difficile à réaliser car la conservation de la semence est un frein. Parce que celle-ci est trop sensible pour pouvoir être congelée, il est indispensable de réaliser les IA à l’aide de semences fraîches avec un délai de prélèvement de 8 à 12 h maximum avant l’acte. C’est pourquoi cette technique est relativement contraignante et peu utilisé.