Post sevrage des porcs

Post sevrage des porcs

Damien Counasse - Auteur technique

Le sevrage des porcelets est une étape délicate en élevage porcin, des sources de stress importantes qui peuvent conduire à différents problèmes. Mais des pistes existent pour atténuer les désagréments de cette étape de l’élevage.

Des changements, source de stress

La séparation involontaire avec la mère et la mise en groupe sans transition a des impacts psychologiques directs pour les porcelets, mais aussi, de façon indirecte, des impacts sur la santé (baisse d’immunité, pertes d’appétit…).

La sociabilisation des porcelets de portées différentes pendant l’allaitement avec des portes de tri peut permettre de limiter une source de stress psychique. Il convient alors de garder les mêmes petits groupes pour le sevrage

Afin de limiter la compétition pour l’alimentation, chaque porcelet sevré doit disposer d’une mangeoire. Il est également essentiel de combler les besoins en chaleur des porcelets après sevrage, s’ils se couchent en tas cela signifie qu’ils ont trop froid. La température idéale doit être de minimum 20 °C dans l’aire de repos. L’hygiène est primordiale pour éviter les contaminations entre deux lots, un bon lavage avec un temps minimum de séchage est déjà efficace.

CausesConséquences
Séparation brutale de la mère
  • Souffrance liée à la séparation involontaire
  • Sentiment d’insécurité
Mise en groupe
  • Stress dû aux affrontements hiérarchiques
  • Pression des pathogènes  
Changement d’environnement : box d’élevage
  • Stress psychique
  • Stress physique (due aux pathogènes)

 

Changements alimentaires

En conditions naturelles, la truie sèvre ses porcelets à l’âge de 13 à 17 semaines, ce qui permet de faire une transition douce. Ainsi, pour les sangliers, les marcassins vont chercher des racines, des glands et autres aliments solides en complément du lait ce qui permet à l’appareil digestif de s’habituer. 

Causes

Conséquences

Passage à l’alimentation solide sans transition

  • Troubles digestifs

  • Diarrhées  

Besoins de succion non comblé

  • Recherche d’alternatives

  • Troubles du comportement, coups de ventre, morsures…

Perte de rythme de prise alimentaire

  • Difficultés à digérer

  • Surcharge de l’appareil digestif si diminution des repas

Hydratation seulement avec de l’eau

  • Hydratation moindre qu’avec le lait

  • Baisse d’immunité

Il y a donc plusieurs problèmes qui s’additionnent : le stress lié à la séparation et au changement perturbe l’appétit ce qui entraine une diminution de la quantité d’enzymes digestives et une diminution de la taille des villosités intestinales. Quand le porcelet commence à avoir faim de nouveau, il mange beaucoup (même trop) en une fois d’une alimentation dont il n’est pas habitué, ce qui engendre le fait qu’il digère difficilement. 

La diarrhée du post-sevrage : causes et solutions multifactorielles

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Schéma porcelets allaités ©FiBL
Nom
Schéma porcelets allaités ©FiBL
Source
https://www.fibl.org/fr/boutique/1265-sevrage-porcelets
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Figure 1: Porcelet nourrit au lait maternel ©FiBL

La diarrhée en post-sevrage peut être de différentes origines. Tout d’abord, le changement d’alimentation a un effet sur l’acidification qui a lieu dans l’estomac. En effet, la digestion du lait maternel dans l’estomac produit de l’acide lactique qui inhibe les agents pathogènes. Lors de l’alimentation en post-sevrage, la grande quantité de protéines et minéraux se lie avec l’acide chlorhydrique et entraine une augmentation du pH dans l’estomac. Les bactéries peuvent alors se développer et atteindre l’intestin et provoquer des diarrhées.

               

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Schéma porcelets sevrés ©FiBL
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Schéma porcelets sevrés ©FiBL
Source
https://www.fibl.org/fr/boutique/1265-sevrage-porcelets
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Figure 2 : Porcelet nourrit avec un aliment post-sevrage ©FiBL

De même quand le porcelet sevré retrouve l’appétit après une période de stress du au changement, il a tendance à manger trop en une fois. L’aliment mal digéré qui s’accumule dans l’intestin est un nid à bactéries qui provoque des diarrhées. La distribution d’aliment de post-sevrage sous forme de bouillie limite ce genre de désagrément car elle améliore la sensation de satiété et les porcelets sont plus habitués à absorber l’alimentation liquide.

 

La distribution d’une alimentation solide appétente contenant des produits laitiers (aliment de démarrage) le plus tôt possible permet au porcelet de s’habituer à digérer ce type d’aliment et donc un sevrage plus en douceur avec un stress en moins. 

L’acidification de l’alimentation est également un moyen préventif contre les diarrhées. Elle peut se faire via la distribution de vinaigre de fruit dans l’eau (ou dans l’aliment entre 1 et 3 %), d’aliment fermenté (maïs grain humide, ensilage d’herbe de très bonne qualité, etc.) ou encore de probiotiques sous forme de bactéries lactiques ou de levures (attention, voir liste positive des additifs du règlement bio).

 

Alimentation en début de post-sevrage : points d’attention

  • De l’eau ! : en quantité suffisante et qualité irréprochable (attention à la propreté des abreuvoirs et conduites !) et idéalement tiède.

  • Max. 15 % de légumineuses (max. 10% féverolles, 15% pois, 5% lupin) et 6 g/kg d’aliment de Calcium. Ces types d’aliments augmentent le pH.

  • Max. 15% de protéine brute dans l’aliment les 10 premiers jours de sevrage.

  • Augmenter la teneur en fibres de l’aliment à 5 ou 6 % en ajoutant de l’orge, de l’avoine, du triticale ou du son.