Vêlage groupé et monotraite chez les bovins laitiers

Vêlage groupé et monotraite chez les bovins laitiers

Damien Counasse - Auteur technique

Introduction

Dans une optique de réduction des coûts alimentaires de production, la production avec de l’herbe pâturée de qualité est une solution évidente mais faut-il encore en avoir suffisamment. Certains éleveurs choisissent donc de grouper les vêlages de sorte à avoir le maximum d’herbe au moment où les besoins sont les plus élevés (pic de lactation). Pour faire coïncider ces 2 critères la période la plus adaptée et la plus fréquente est de grouper les vêlages au printemps à partir de fin février. 

Atouts des vêlages groupés de printemps

  • La majorité de la production laitière est assurée par de l’herbe pâturée (jusqu’à 70% de l’alimentation) et donc à des coûts de production très faibles. Pour cela, il est important de caler les vêlages pour obtenir le pic de lactation en même temps que le pic de pousse de l’herbe, c’est-à-dire en avril-mai.
  • Les besoins de stocks de fourrages pour l’hiver sont moins importants en quantité et qualité. Dans ce type de système, en plein hiver (décembre et janvier) toutes les vaches sont taries, elles mangent donc moins de kilos de matière sèches et ont de besoins nutritionnels faibles qui correspondent à l’entretien et la croissance du veau. Pendant le tarissement (hors période de préparation au vêlage), un bon foin de début juin est suffisant pour combler les besoins. Ce type de fourrage est également moins couteux à produire. 
  • Le travail pour l’année est planifié à l’avance avec des pics au printemps et une période très calme en début d’automne et fin d’hiver. A chaque période son travail :
    • Fin février-mars-avril : vêlage, élevage des veaux et traite. Début de la lactation
    • Mai-Juin : récolte d’herbe (principalement foin), élevage des génisses (mise à l’herbe, entretien des clôtures, sevrage ou maintien de la phase lactée) et reproduction.
    • Juillet à Décembre : période creuse. Gestion du pâturage, monotraite, alimentation et tarissement fin-décembre.
    • Janvier-Février : Alimentation, paillage. Travail d’astreinte : +- 10h semaine 

Cette rationalisation du travail permet d’être meilleur et plus efficace sur chaque tâche.

  • Simplifie l’élevage des génisses : 1 seul lot
  • Meilleures conditions de travail : pics de travail à la belle saison, les veaux naissent à la période normale, casse la routine, l’hiver devient une période calme. Dégage du temps libre et facilite le remplacement en période calme.

 

Image
Répartition du travail en système de vêlage groupé de printemps-source Agrobio Bretagne
Nom
Répartition du travail en système de vêlage groupé de printemps-source Agrobio Bretagne
Source
https://www.agrobio-bretagne.org/voy_content/uploads/2021/12/Web_24-VELAGES_GROUPES.pdf
Copyright
Répartition du travail en système vêlage groupés de printemps (source : Agrobio Bretagne)

 

Limites et points d’attention

  • Ce genre de système entraine des pics de travail avec un travail d’astreinte très important durant une certaine période. Rien n’est à négligé durant ces périodes.
  • L’élevage des veaux et l’organisation de la nurserie est un travail à soigner pour limiter les problèmes lors des pics de vêlages.
  • La production de lait est concentrée sur une période restreinte en système de vêlages groupés. Cela engendre un risque supérieur vis-à-vis des aléas climatiques. 
  • La fécondité du troupeau impacte fortement le taux de renouvellement. Si certaines vaches ne sont pas synchronisées sur le reste du troupeau elles devront être réformées de manière anticipée et donc être remplacées. 
  • Transformation laitière déséquilibrée : le lait est principalement produit au printemps et cela n’est pas adapté à tous les débouchés, les transformateurs qui travaille pour le marché du frais (fromage, yaourt, crème,etc.) ont besoin de lait toute l‘année. Certains transformateurs appliquent ainsi un différentiel de prix printemps-hiver pour limiter le manque de lait l’hiver.

Vêlages groupés d’automne : alternative en régions sèches

Pour les régions souffrant régulièrement d’une sécheresse, il peut être plus judicieux de grouper les vêlages en début d’automne et de profiter de la repousse d’herbe à ce moment-là. Pour autant que le climat en hiver soit relativement doux et que la pousse de l’herbe puisse se poursuivre jusqu’en début d’hiver, les vaches en début de lactation sont mieux soutenues par l’herbe riches en protéines à cette saison-là. Les vaches sont également taries pendant les fortes chaleurs et ne sont donc pas impactées au niveau de la production laitière. Dans ce système l’autonomie doit être recherchée au maximum pour limiter les coûts alimentaires.

Comment grouper les vêlages ?

Partir d’un système de vêlages de fin d’été et automne à vêlages de printemps peut prendre 2-3 ans. Il faut alors décaler la période de reproduction de 2 mois chaque année par exemple pour arriver à la période voulue. Dans un système de vêlages groupés stricte les vaches qui ne sont pas pleines à la période voulue devront être réformées. Le taux de renouvellement a aussi un impact sur la facilité pour grouper les vêlages, car il est plus simple d’ajuster la date de premier vêlage pour des génisses.