Méthode d'implantation d'une prairie
Sous-semis d’une prairie dans une céréale implanté
Objectif
Le sous-semis d’une prairie dans une céréale est une technique qui était déjà utilisée autrefois. Cette technique permet, une fois la céréale récoltée et les pailles enlevées, un bon démarrage des jeunes plantes même lors d’une année sèche quand les conditions ne sont pas favorables à la levée. On a donc une implantation de la prairie avec un travail du sol et un coût minimum. Cette technique convient également pour l’implantation d’intercultures à destination fourragère car elle permet une implantation d’un couvert et qui aura un développement plus rapide qu’une implantation après récolte.
Technique
Le semis de la prairie est réalisé lors du dernier désherbage à la herse étrille ou à la bineuse en fonction de l’interligne de semis de la céréale. Le stade idéal de la céréale pour le semis de la prairie se situe entre le tallage et l’épi à 1 cm mais la date de semis peut s’étaler de début mars (pour les sols séchants) à mi-avril.
Le sous-semis en céréale semés en interligne de 24 cm est intéressant car il y a plus de lumière disponible pour faire germer et croitre la prairie. La densité de semis de la prairie correspond aux doses habituelles, entre 25 et 30 kg/ha. Le semis s’effectue idéalement à la volée avec un semoir à petites graines accouplé à la machine de désherbage (9 m maximum pour une bonne homogénéité de semis) ou avec un semoir à engrais puis un passage à la herse. L’utilisation d’un semoir à céréale à socs ou à disque est aussi possible mais le débit de chantier est plus faible et à un stade avancé la céréale peut être endommagée par les disques. La profondeur de semis ne doit pas dépasser 1 cm. Le semis peut être roulé si la céréale n’est pas un stade trop avancé (montaison) sinon il est impératif de réaliser le semis avant une pluie pour assurer un bon contact sol-graine et donc avoir une levée homogène de la prairie.
Figure 2 (entête de la fiche technique) : Semis d’une prairie dans la céréale au printemps avec une herse étrille munie d’un semoir pneumatique (Source : FiBL, Crédit: Christian Hirschi)
Dans quelle céréale ?
Il est préférable d’effectuer les sous-semis dans des céréales en milieu ou en fin de rotation avec une fertilisation qui n’est pas excessive. Une bonne levée du mélange semé sera difficile dans une céréale dense, haute et sur un sol riche. Pour une levée optimale, on parle d’une céréale qui aura un potentiel de rendement ne dépassant pas les 4 tonnes/ha afin que la prairie ait suffisamment de lumière à disposition pour se développer en sous-étage. Sur des sols à hauts potentiels le mélange fourrager risque d’être étouffé par la culture. C’est pourquoi Il est conseillé d’utiliser des céréales à faible concurrence. Les plus approprié sont l’orge de printemps, ensuite moyennement appropriés sont l’épeautre, le froment de printemps ou d’hiver et pour finir l’avoine est inadapté pour cause d’un manque de lumière pour les graines de graminée et de légumineuses.
Limites
Il est impératif de limiter le tassement du sol pour éviter d’asphyxier le sous-semis. Il faut également éviter de faire des ornières lors de la récolte de la céréale et de la paille car celles-ci compliqueront les travaux de récolte de l’herbe par la suite. En printemps humide, les conditions sont favorables à la pousse de la prairie, cela peut poser un problème lorsque celle-ci se développe de manière importante et dans certain cas même dépassé la céréale au moment de la récolte ce qui peut avoir comme conséquence une humidité plus élevée de la céréale récolter. Pour que la prairie s’implante au mieux, la parcelle doit être suffisamment propre pour limiter la concurrence des adventices. Il faut savoir que le semis ne peut être roulé, cela peut poser des problèmes dans les terrains forts caillouteux. Les limaces sont également un ennemi potentiel des sous-semis de fourrage.
Production
La prairie se développe rapidement après la moisson et permet de faire une bonne coupe à l’arrière-saison. De plus, la paille a une bonne valeur alimentaire pour les jeunes bêtes et les vaches taries car elle contient un peu de fourrage.
Conclusion
La technique du sous-semis au printemps est une technique peu coûteuse, facile à mettre en œuvre et qui permet un gain de temps en termes d’implantation de la prairie et de temps de travail. Cependant la réussite de l’implantation reste aléatoire et dépend du climat lors du semis, de la densité de la céréale en place et de la propreté de la parcelle. Les semences fourragères coûtent chère, il est donc important de mettre toutes les chances de son côté en utilisant cette technique dans une céréale pas trop dense, avec une fertilisation modérée et présence d’adventice faible. Ainsi, cela permet d’avoir un fourrage directement en place après la moisson, même en pleine sécheresse.
Semis d’une prairie sous couvert d’une céréale
L’implantation d’une prairie doit se faire dans des conditions optimales afin de favoriser une levée rapide et éviter que la jeune prairie ne se fasse dépasser par les adventices. Le semis sous couvert d’une plante abri va permettre de protéger les jeunes plantes du vent et du froid et d’empêcher le développement des adventices. La plante-abri peut être de l’avoine, du pois fourrager ou protéagineux, un méteil ou une légumineuse annuelle. La récolte de la plante abri permet aussi d’avoir une bonne production dès la première année (7 à 10 tonnes de matière sèche).
Technique
Le semis se fait avec un équipement capable de semer à deux profondeurs différentes ou en 2 passages le même jour. Dans ce cas, on sème d’abord la céréale et/ou le protéagineux avec un semoir classique à 3-4 cm de profondeur puis le mélange de prairie à la volée idéalement ou en ligne à une profondeur maximale de 1 cm. Il est également possible d’adapter un semoir électrique à la volée sur un semoir en ligne pour réaliser les 2 semis en un seul passage. Si la plante abri est une légumineuse annuelle elle sera semée en même temps que le mélange fourrager. Le semis doit ensuite être directement roulé.
Choix de la plante abri
- Céréale
L’utilisation d’une céréale (orge ou avoine) comme couvert pour la prairie est courante. L’avoine doit être semée à faible densité (50 à 70 kg/ha). L’implantation d’une céréale d’hiver lors d’un semis tardif d’une prairie à l’automne aidera à protéger les jeunes plantules contre le froid. Pour garder une valeur alimentaire, appétence et digestibilité satisfaisantes la céréale sera récoltée au plus tard au stade laiteux. La première coupe servira aussi de « nettoyage » car elle permet de se débarrasser des adventices annuelles.
- Pois fourrager + céréale
Le pois fourrager peut être utilisé comme plante-abri mais il nécessite d’être associé avec une céréale qui fera office de tuteur. L’avoine convient très bien à ce type d’utilisation. L’avantage d’implanter du pois est d’améliorer la valeur alimentaire protéique du fourrage qui sera récolté en première coupe. On peut ainsi associer 50 kg d’avoine et 25 kg de pois fourrager qui seront implantés en même temps que la céréale. Le stade de récolte optimal se situe à la fin du stade laiteux de la céréale. Il faut être vigilent car ce stade est court dans le temps.
- Pois protéagineux
Le pois protéagineux peut être utilisé pur comme plante abri. Il peut ainsi fournir un fourrage de qualité en quantité importantes. Pour ce faire, il convient de le semer à une densité de 100 à 125 kg/ha maximum à une profondeur de 4-5 cm. Cependant la récolte du fourrage est plus délicate. Il faut éviter de faucher avec un conditionneur pour ne pas faire éclater les gousses. De plus, le pois est riche en eau est nécessite d’être un peu préfané pour améliorer la conservation. Les andains doivent donc être retournés 24h après la fauche et laissé encore 6 à 12 h au soleil avant la récolte. Attention Le prix des semences est à tenir en compte car les protéagineux sont plus chers que les céréales.
- Légumineuse annuelle
Le semis d’une légumineuse annuelle comme plante-abri est une alternative dans les parcelles à forte pression de gibier. Elles sont aussi plus appétentes que les céréales. Ainsi, on peut semer 5 à 8 kg/ha de trèfle d’Alexandrie (multi-coupes) ou 3 kg de trèfle de perse. Ces légumineuses peuvent également être utilisées avec de l’avoine.