Entretien des prairies en sortie d'hiver
Chaque année les prairies subissent des agressions multiples dues aux sécheresses, excès d’eau, compactage, dégâts de sangliers, taupinières… La flore et le potentiel de production sont alors affectés, la sortie de l’hiver représente une période clé pour intervenir mécaniquement pour assurer la production de la saison à venir.
Règles à respecter
- Ne pas intervenir sur un couvert trop grand. Sinon effectuez un broyage ou un pâturage avant tout autres travaux.
Attention toutefois à garder une hauteur d’herbe minimale de 5-6 cm pour passer l’hiver pour ne pas pénaliser la repousse printanière.
- Réaliser les travaux avant la reprise de la végétation
- Travailler dans de bonnes conditions. Mieux vaut s’abstenir que de faire pire par temps de bise !
Entretien mécanique : dans quel cas intervenir et avec quel outil ?
Le passage d’une herse peut avoir des effets différents selon le type de herse et les accessoires utilisés. Les rôles d’une herse sont : l’ébousage, le délitage du fumier, l’étaupinage, l’émoussage, la scarification et le nivellement.
Ebouseuse
Sur les prairies pâturées à l’automne il est préférable de réaliser un ébousage avant l’hiver (si les conditions le permettent) pour éviter la formation de vides à l’endroit des bouses. Lorsque les conditions à l’automne sont défavorables, l’ébousage peut se faire en fin d’hiver. Il permet de répartir les éléments fertilisants en praires pâturées mais également en cas d’épandage de fumier (répartition des tas). Dans les zones où les dégâts de sangliers sont fréquents, l’ébousage pourrait limiter les risques mais cela n’est pas systématique.
+ : - Bon ébousage, étaupinage et nivellement
- Matériel peu fragile
- : - Vitesse de travail faible (5-6 km/h)
- Fait ressortir les cailloux superficiels
L’ajout de 2 ou 3 rangées de dents flexibles en complément des 2 rangées de racleurs permet d’avoir un outil plus polyvalent qui donnera des résultats satisfaisants en termes de délitage de fumier et d’émoussage.
Herses étrilles
+ : - Bon travail concernant l’émoussage, la scarification
- Délitage du fumier satisfaisants
- Vitesse de travail rapide (8-12 km/h)
- Ressort peu de cailloux
- : - Nécessaire d’ajouter des lames avant les rangées de dents pour assurer un étaupinage, un ébousage et un nivellement correctsun nivellement correct
Le passage de ce type d’outil convient très bien lorsqu’un sursemis est à envisager (sacrification et création de vides). Le diamètre des dents doit être de 8 ou 10 mm pour être suffisamment agressives et durer dans le temps.
Herse à chainons
Herse composée d’éléments en forme d’ « Y » munis de pointes reliés ensembles par des anneaux. Réalise un travail très superficiel.
+ : - Bon travail d’émoussage, d’ébousage et délitage du fumier.
- Vitesse de travail élevée (> 10 km/h)
- Prix et besoins en puissance faibles
- : - Robustesse en cas de présence têtes de roches
- Usure des chaines
- Scarification et nivellement limité
Certains constructeurs proposent une ou plusieurs rangées de cornières pour améliorer l’étaupinage et le nivellement ainsi que l’ébousage.
Les régénérateurs de prairie, aérateurs ou décompacteurs
Ce sont des herses avec de grosses dents et lames qui ont pour but d’aérer le sol plus en profondeur, voir de le décompacter sur des profondeurs de 3 à 15 cm.
Une étude mené par Arvalis (France) de 2006 à 2011 ne montre aucune augmentation de la productivité et d’amélioration la flore des prairies voire une dégradation de celles-ci par l’utilisation d’outil à profondeur de travail plus importante. Cela peut provoquer également une augmentation de la proportion de sol nu. Le seul intérêt de ces machines est de les utiliser sur des parcelles matraquées par un surpaturage d’arrière-saison et il faut toujours prévoir un sursemis pour limiter le salissement par la suite.
Le rouleau
Le roulage des prairies ne doit pas être effectué systématiquement. Il est intéressant sur des parcelles de fauches qui ont été « soufflées » à cause de gel important.
Un passage au rouleau doit toujours s’effectuer dans de bonnes conditions, c’est-à-dire sur sol ressuyé et légèrement réchauffé et avant reprise de la végétation (fin mars-début avril) sur un couvert ras. Evitez surtout de rouler par temps de bise !
Pas besoin de rouleau lourd, un rouleau lisse léger (1t pour 3m) est suffisant pour redonner au sol une structure optimale au développement des micro-organismes du sol et au maintien de l’humidité dans les couches supérieures (effet capillarité).
Le déprimage : simple, économique et efficace !
Le déprimage est le meilleur moyen d’assurer le bon démarrage des prairies à pâturer. Le déprimage consiste à un premier pâturage précoce à hauteur de la cheville (8 cm) avant le stade « épi à 5 cm » (500° Jour), en dessous de 4-5 cm (hauteur du talon) les animaux doivent être retirés de la parcelle. Le déprimage permet de renettoyer la prairie, les animaux broutent les vielles feuilles et booste le tallage en favorisant ainsi la production de nouvelles feuilles. Une talle donne 2 à 3 feuilles actives et la production d’une prairie dépend du nombre de talles multiplié par la longueur des feuilles. Il est plus difficile d’agir sur la longueur des feuilles car cela dépend du contexte pédoclimatique. Déprimer permet d’augmenter la productivité de la prairie en termes de quantité de matière sèche mais aussi d’augmenter la qualité de l’herbe récoltée. En plus de favoriser le tallage des bonnes graminées le déprimage peut donner de la lumière au trèfle blanc et favoriser son développement. Ce qui permet de combler les vides et empêche le développement d’espèces indésirables. Attention, à effectuer une rotation rapide (max. 3 jours) sur les parcelles pour éviter de consommer les jeunes repousses.
Si toutefois il n’est pas possible de passer avec des animaux sur une parcelle avec un couvert qui était trop grand pour passer l’hiver, un broyage ras auras un effet similaire en termes de production et qualité.
Note: Des élèves de l’institut Lasalle de Beauvais (France) ont mesuré l’impact du déprimage sur plusieurs espèces fourragères et l’impact du déprimage est un rendement supérieur de 800 à 1700 kg de matière sèche par hectare. (Herb’actifs)