La féverole
Généralités
Famille: Fabacée
Espèce: Vicia Faba
La féverole est une légumineuse à graine. Riche en énergie et en protéine, elle est principalement consommée par les animaux d'élevage en Europe (autonomie protéique locale) et utilisée en alimentation humaine (graine entière ou ingrédient alimentaire comme agent de blanchiment des farines).
La féverole est un maître atout, tant au niveau agronomique qu'environnemental. Comme toute légumineuse, la féverole fixe l’azote de l’air (jusqu'à 80 u d'N disponible du sol) et ne nécessite, dès lors, aucune fumure azotée minérale ou organique. C’est donc un bon précédent pour le froment qui bénéficiera d’une restitution en azote permettant un meilleur rendement qu’après une betterave, un maïs ou un froment (+ 500 à 800 kg/ha).
Ses faibles besoins en azote conduisent à une réduction de 50 % des besoins en énergie fossile, de 70 % des émissions de gaz à effet de serre (en particulier du protoxyde d’N), de 85 % des émissions de gaz acidifiants (en particulier l’ammoniac) et à une réduction des risques de fuite de nitrates vers les eaux si les reliquats laissés par la culture sont bien valorisés, par rapport aux grandes cultures (céréales et autres têtes de rotation). Ses fleurs sont très attractives pour les pollinisateurs dont elles soutiennent l’activité.
Choix variétal
Les critères seront basés sur la stabilité et le potentiel de rendement de la variété dans les conditions pédoclimatiques locales. Le débouché, la couleur des fleurs, la taille des graines et la qualité (teneur en protéines, présence ou absence de vicine-convicine) seront des critères importants lors du choix variétal. La précocité à la maturité est un critère à considérer, en fonction des conditions climatiques locales.
Pour les variétés d’hiver, la résistance au froid est également primordiale et doit être adaptée à l’effet de la latitude tout comme à celui de l’altitude. Dans ce contexte, le respect de la date de semis joue un rôle essentiel pour éviter d’avoir un développement trop important de la culture avant l’hiver, développement qui entraîne une diminution de la résistance au froid.
Préparation du sol
La féverole, plante rustique, n’est pas très exigeante au niveau sol. La féverole est peu sensible à la structure du sol; un travail du sol assez grossier lui suffit.
Eviter toutefois les sols superficiels, séchants, hydromorphes et asphyxiants.
Place dans la rotation
Son intégration dans la rotation, en tant que tête de rotation, permet de diversifier les cultures et, ainsi, de faciliter la gestion des adventices et des maladies.
Fixant l'azote atmosphérique, c’est un bon précédent pour le froment qui bénéficiera d’une restitution en azote permettant un meilleur rendement qu’après une betterave, un maïs ou un froment (+ 500 à 800 kg/ha).
Densité et date de semis
En féverole d’hiver, la densité de semis sera de 25 à 30 graines/m². En féverole de printemps, elle sera de 40 à 50 graines/m². Selon le poids de 1000 grains (PMG) des semences, qu’il y a lieu de vérifier vu les différences variétales et inter-annuelles (entre lots), la quantité de semences nécessaire (en kg/ha) sera calculée de la manière suivante : [PMG (g) x 30]/100 pour la féverole d’hiver et [PMG (g) x 50]/100 pour la féverole de printemps. La féverole d’hiver ramifie beaucoup, c’est pourquoi elle doit être semée beaucoup moins dense que la féverole de printemps. Les semences utilisées seront saines, indemnes d’anthracnose, car la présence de graines tachées c’est-à-dire infectées par ce champignon, menace l’état sanitaire de la culture. L’utilisation de semences fermières est particulièrement délicate si la culture-mère a été attaquée par l’anthracnose.
Le semis se fera à une profondeur de 7 à 8 cm pour la féverole d’hiver, et à une profondeur de 4 à 5 cm pour la féverole de printemps en prenant soin de bien recouvrir les semences afin d’éviter les dégâts dus aux oiseaux.
La féverole d’hiver sera implantée à l’automne (idéalement entre le 20 octobre et le 10 novembre). Un semis trop précoce accroît le risque de destruction par le gel si les plantes sont trop développées avant l’hiver. La féverole de printemps sera implantée à partir du mois de février jusque début avril, selon les conditions météo de l’année et l’état du sol. Il ne faut pas attendre que le sol soit réchauffé pour semer la féverole de printemps.
Fertilisation
La féverole est une légumineuse, tout comme le haricot, le pois, le trèfle, la luzerne. Elle ne nécessite donc pas d’azote sous forme d’engrais minéral ou organique. L’apport d’azote serait en effet défavorable (1) en limitant le développement des nodosités présentes sur le système racinaire de la féverole, nodosités qui sont les moteurs de la fixation de l’azote contenu dans l’atmosphère par les légumineuses ; (2) en conduisant au développement d’une végétation excessive sensible à la verse, au détriment de la production de graines.
La fumure phospho-potassique sera fonction de la teneur du sol en ces éléments. Les exportations par les graines de féverole en P et K sont d’environ 1,2 kg de P2O5 et 1,5 kg de K2O par 100 kg de graines produites. Cela correspond à 60 kg de P2O5 et 65 kg de K2O pour un rendement de 5 000 kg/ha.
Désherbage
La gestion des adventices est facile en début de cycle. Par contre, en culture pure, elle se salit e fin de cycle d'où l'intérêt de l'associer.
Le désherbage mécanique doit être pratiqué assez tôt en culture. Il nécessite un écartement des lignes lors du semis, permettant ainsi le binage après la levée de la féverole. La culture de la féverole peut être cultivée en association avec un triticale, de manière à limiter le développement des adventices.
En féverole d'hiver, le désherbage se fait en fin d'hiver et au printemps jusqu'au début de la floraison, Le désherbage se fait à l'aide d'une herse étrille, d'une houe, d'une étrille rotative. Le binage est possible si l'interligne le permet.
En féverole de printemps, le désherbage se réalise à la fin du printemps.
Maladies et ravageurs
La féverole est très résistante à l'Aphanomyces, un champignon se trouvant dans le sol et pouvant causer de gros dégâts en pois. Alterner pois et féverole dans les parcelles saines ou faiblement infestées permet de préserver l'état sanitaire du sol.
Parmi les ravageurs s'attaquant à la féverole, on trouve essentiellement des insectes et des pigeons. Le sitone, les pucerons noirs et la bruche constituent les principaux ravageurs rencontrés en culture de féverole.
Le sitone est un charançon qui envahit les parcelles de féverole en volant depuis des zones refuges. Il est actif par temps ensoleillé et par température supérieure à 12°C. Il peut y avoir plusieurs vols. L’adulte mord les feuilles (encoches sur le bord des feuilles). Ce sont les larves qui occasionnent le plus de dégâts en détruisant les nodosités. La nuisibilité sur le rendement semble faible en féverole.
Les pucerons noirs forment des colonies ou manchons sur les tiges de féverole. Ils apparaissent fréquemment vers le début de la floraison ; ceux-ci affaiblissent les plantes, en pompant la sève, et ont un impact sur le rendement qui peut être réduit de 1,2 T/ha. La lutte contre les pucerons noirs veillera à utiliser des produits spécifiques contre ces derniers telles que la pirimicarbe, protégeant la faune auxiliaire (ex : larves de coccinelles,…).
La bruche est un charançon qui peut être observé pendant la floraison lorsque les températures sont supérieures à 20-25°C. Les dégâts se produisent en végétation mais ne se voient qu’après la récolte, au cours du stockage des graines ; celles-ci sont bruchées c’est-à-dire qu’elles présentent un ou plusieurs trous bien ronds. C’est donc surtout la qualité visuelle qui est affectée (importante selon le débouché). L’adulte pond des œufs sur les gousses. Après éclosion, la larve pénètre directement dans la gousse et dans la graine. La larve se développe à l’intérieur d’une graine pour former un adulte qui sortira de la graine à la récolte ou pendant le stockage. La lutte en végétation vise uniquement les bruches adultes avant la ponte. La lutte au stockage est également mise en œuvre pour réduire les populations de bruches l’année suivante. Contrairement aux charançons des céréales, la bruche ne se reproduit pas dans les graines stockées. Aucune nouvelle graine ne sera attaquée au cours du stockage.
La lutte contre les ravageurs pendant la floraison de la féverole veillera à tenir compte de la présence d’insectes pollinisateurs (abeilles, bourdons,…) et à intervenir en dehors des heures de butinage.
La féverole est également très attractive pour les pigeons ramiers. Afin de prévenir les dégâts, différents moyens sont mobilisables. Il n’y a pas de moyen miracle pour effaroucher les pigeons. Les moyens d’effarouchement doivent être placés dès l’implantation de la culture, afin que les ramiers ne prennent pas l’habitude de venir se restaurer sur la parcelle, et doivent être déplacés de temps à autre. Les ballons prédateurs (avec des yeux holographiques) sont inefficaces en champ. Les oiseaux s’habituent très vite aux épouvantails « faits-maison » et au scarey man qui est un épouvantail gonflable automatique résistant aux intempéries. La meilleure solution reste la combinaison de plusieurs méthodes d’effarouchement comme le cerf-volant rapace, le cerf-volant éolien et le canon avec marche-arrêt automatique et un nombre de coups par heure plus limité. En cas de population plus importante ou difficile à déloger, des canons plus agressifs avec détonations aléatoires et la chasse restent les moyens les plus efficaces. En cas de dégâts, l’arrêté du gouvernement wallon du 18 octobre 2002 permet la destruction de certaines espèces de gibiers (Moniteur Belge du 27/11/2002). Il faut introduire au DNF (Département de la Nature et des Forêts) un formulaire de demande d’autorisation pour la destruction du pigeon ramier en vue de prévenir des dommages importants dans certaines cultures. La période autorisée pour le pois et la féverole de printemps va du 1er mars au 31 août ; celle pour le lupin s’étend du 1er avril au 15 novembre tandis que pour le pois protéagineux d’hiver, il s’agit du 15 août au 30 juin. Il faut savoir qu’en Belgique, les pigeons ramiers peuvent avoir un comportement migrateur ou sédentaire.
La récolte et le stockage
Les gousses sont à maturité lorsqu’elles sont noires et lorsque les grains ne peuvent plus être rayés par l’ongle. Il y a des risques d’égrenage si les gousses sont trop sèches, mais les risques de germination sur pied sont faibles. Pour limiter la casse des grains, les adaptations de la moissonneuse-batteuse pour la récolte de la féverole en grains secs sont :
Au niveau du batteur : régime faible (vitesse maximale : 9 à 12 m/s) ,
Desserrer batteur/contre-batteur à 14-15 mm ,
Utiliser des grilles à trous ronds,
Ouvrir les grilles à « courtes pailles ».
Pour éviter que les gousses n’éclatent devant la barre de coupe, il est recommandé de ne garder qu’un rabatteur sur deux et d’éviter de récolter en pleine chaleur.
Les normes de commercialisation en féverole sont 14 % d’humidité et 2 % d’impuretés. La récolte peut être réalisée à partir de 18% d’humidité et ne provoquera pas de grains cassés.
Le stockage des graines de féverole est possible sans séchage, si les grains sont récoltés secs. Si le taux d’humidité dépasse 18 %, il faudra veiller à sécher la récolte pour une bonne conservation.
Crédit photo: M. Campion (CRA-W)